Une enquête préliminaire a été ouverte à la suite d’une plainte déposée par les parents d’une fillette de 3 ans, violentée par son institutrice, selon des images qui ont suscité une vague d’indignation. La ministre de l’éducation nationale a parlé, mardi 10 septembre, de « honte pour notre école ».
Au lendemain de la diffusion de cette vidéo, le recteur de l’académie, Bernard Beignier, a annoncé avoir « signé l’arrêté ce matin » pour suspendre la professeure. « Il a fallu que l’essentiel des faits nous remonte », a-t-il expliqué sur BFM-TV, affirmant qu’il ne s’agit « pas d’une mesure de sanction », mais bien d’une mesure de « protection des élèves, des autres professeurs, mais également de la personne qui en fait l’objet ». « Pour le moment, le dossier de cette enseignante ne relève rien, elle est enseignante depuis de très nombreuses années », a ajouté M. Beignier, précisant qu’il y aurait « à la fois une enquête pénale, puisqu’une plainte a été déposée, et une enquête administrative qui pourra conduire très certainement à un conseil de discipline, voire [à] des sanctions qui vont du blâme à la révocation ».
Lundi, une vidéo enregistrée par une mère d’élève présente dans la classe et montrant une enseignante asséner un violent coup au niveau du dos à une élève en larmes, dans une école maternelle du 15e arrondissement de Paris, a circulé sur les réseaux sociaux. Les faits se seraient produits le 3 septembre.
M. Beignier s’est rendu mardi matin dans l’école des Frères-Voisin afin d’échanger avec les enseignants. Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), le recteur de l’académie de Paris a précisé que, depuis les faits, l’enseignante mise en cause était « en arrêt et a été remplacée dans sa classe ». Elle sera « convoquée dans les prochains jours pour être entendue », a-t-il ajouté. L’enseignante « a reconnu les faits et a présenté ses excuses à la famille de la fillette », selon le recteur.
L’annonce de sa suspension intervient quelques heures après que la ministre de l’éducation nationale démissionnaire, Nicole Belloubet, a demandé « sans délai » l’ouverture d’une procédure disciplinaire et la « suspension immédiate » de la professeure. « Ces images sont terriblement choquantes et inacceptables dans notre école (…). J’adresse tout mon soutien à la victime et sa famille, qui sont prises en charge », a également écrit Mme Belloubet sur X.
« Pour le moment il n’y a pas d’explication, et c’est d’autant plus inquiétant »
« Elle n’avait jamais fait parler d’elle. Elle est depuis dix ans dans cette école, donc elle connaît bien l’école, les parents, les élèves. C’est une enseignante qui a une cinquantaine d’années (…) elle ne découvre pas la scolarité en maternelle », a réagi pour sa part le maire (Les Républicains) du 15e arrondissement, Philippe Goujon, sur BFM-TV. M. Goujon a ajouté que l’enseignante « a été reçue par l’inspectrice d’académie pour essayer de comprendre ce qui s’est passé, pour le moment il n’y a pas d’explication, et c’est d’autant plus inquiétant ».
Me Vanessa Edberg, avocate de la famille, a confirmé à l’Agence France-Presse avoir déposé plainte le 5 septembre dans un commissariat des Hauts-de-Seine pour dénoncer des violences aggravées par trois circonstances : sur personne vulnérable, dans un établissement scolaire et perpétrées par une personne qui réalise une mission de service public. Cette plainte a donné lieu à l’ouverture d’une enquête préliminaire, selon le parquet de Nanterre, qui devrait se dessaisir au profit de celui de Paris, territorialement compétent.
Selon elle, la fillette de 3 ans effectuait sa première rentrée scolaire en petite section et « avait déjà reçu des coups les jours précédents, ce qu’elle avait dit à sa maman ». « La vidéo a été tournée alors qu’il y avait une autre maman, on sent que l’institutrice se contient », s’est désolée l’avocate. Selon cette dernière, l’élève a vu un premier médecin qui a « évalué son préjudice à “sévère”, car la fillette ne regarde pas les autres dans les yeux ou en face et refuse de parler de la maîtresse ».
Pour Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-Snuipp, principal syndicat du premier degré (maternelle et élémentaire), « les images montrent une situation choquante, ce n’est pas un geste professionnel ». « En tant qu’enseignant, nous devons assurer la sécurité physique et affective des élèves », a-t-elle martelé auprès de l’AFP.