Les larmes envahissent ses yeux et elle peine à les retenir. Ce samedi 25 janvier, deux jours avant la reprise des cours, Anna Attoumani, professeure de lettres au collège Bakari-Kusu de Dzoumogné, dans le nord de Mayotte, là où le cyclone Chido a causé le plus de dégâts, le 14 décembre 2024, dit redouter ce moment. « Sur ma classe de 3e avec 30 élèves, je n’en ai vu que deux dans les rues, c’est vraiment bizarre. Ici, nous vivons dans un gros village. Où sont les enfants ? J’ai besoin de savoir », s’inquiète l’enseignante.
Il faudra plusieurs jours afin d’établir un recensement et de déterminer si des collégiens, parmi les 1 500 de l’établissement, ont disparu ou sont morts lors du passage du cyclone. Cette professeure principale s’est rendue, lundi, à la rentrée des classes de 3e et de 6e. Mais ignore si, dans les prochains jours, elle sera en état psychologique d’assurer les cours. « C’est vraiment difficile, confie Mme Attoumani. J’ai besoin de me sentir en sécurité, à l’abri. »
Le cyclone a arraché le toit de sa maison. Dans les jours et les nuits qui ont suivi, toutes ses affaires ont été pillées. L’enseignante était partie en vacances le vendredi soir qui a précédé Chido. « Je n’ai plus rien sinon quelques vieux habits », lance l’enseignante en montrant son haut vert, délavé et taché. Des meubles, de l’électroménager, sa vaisselle ont été emportés. Elle assure avoir retrouvé des biens chez un jeune du bidonville voisin, reconstruit après avoir été rasé par les vents. « Ceux qui sont venus n’ont pas pris mes livres car ils avaient peur de s’instruire », lâche l’enseignante en désignant des ouvrages d’Anouilh, de Flaubert, et de Sartre abîmés par la pluie et regroupés sur un lit.
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